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Sans vouloir vaticiner sur l hybris des mesures gouvernementales engagés par le binôme franco-allemand appuyé par Mme LAGARDE, on peut s’inquiéter de l’anoxie financière qui s’annonce sur le marché des changes. Ne va-t-on pas vers un collapse de la monnaie commune, par corrosion des fondamentaux en un temps où chacun se repliant sur ses égoïsmes nationaux tend à restreindre les échanges collatéraux : la confiance universelle dans le papier de Stuttgart ne risque-t-il pas l’aposiopèse ?   Et une démonétisation fiduciaire des dettes publiques fussent-elles partiellement communes pour vouloir maintenir artificiellement en vie l’économie existante, sera-t-elle compatible avec une suspension sine die du « sans compter » ? Les gouvernants répondent qu’ au contraire cette crise est une chance de consolider le substrat européen, en un nouveau lœss transactionnel entre monnaie et économie.

Ce raisonnement ratiocine moins qu’il parait : la tenségrité macroéconomique (ou l’art ‘d’établir des équilibres auto portants) est un fragile palimpseste ou le cuir s’use plus vite dans les régions fragiles.  Par ci au nord protestant et laborieux on fustige le méditerranéen hâbleur mais on attend de la providence étatique qu’il défende les avantages commerciaux du plus coûtant sur le premier marché mondial ; par là au sud ou tout apprenti politicien doit disposer des baroquismes résolutoires de la crise, on apologise en arguties qui fleurissent à l’envie mais se résument à piocher dans les poches du voisin. Et tous, en une battologie oiseuse, entonnent la nécessité qu’aurait les Etats de combler les risques naturels en distribuant aujourd’hui les revenus de demain puisque ceux d’hier sont déjà dépensés.  L’Etat européo-universel de droit divin est désormais la complainte des peuples du vieux continent !

Il faut admettre que la perception des convictions iconiques vient brusquement de se troubler.

Par exemple, quelques-unes des plus belles compagnies européennes, et au hasard de leurs miscellanées : Airbus,  Air France KLM,  Accor, semblaient il y a 3 mois encore insubmersibles, notées  Investment grade chez tous les notateurs. Et voilà ces compagnies aujourd’hui psalmodiant le credo de l’interventionnisme auprès des ministères, resilhouettant leurs profils avec les syndicats, convertissant créances et dettes face aux investisseurs et eurocephalant misère auprès de la commission bruxelloise. Le risque opérationnel était pourtant connu, les affres dantesques d’une crise sanitaire était identifiés.  Bâle (1-2- 3 Soleil) était censé avoir obtenu les crash tests nécessaires au moins pour les banques et leurs synecdoques financiers. Et particulièrement en France , on voit ces mastodontes aussi bien que les producteurs de tubercules solanacées  et les montreurs de bêtes  zoophages se plaindre de ce que la nature ne connait pas les RTT et réclamer des subsides avant l’Aout, foi d’animal.  Faut-il donc, comme aux temps immémoriaux complaire aux citoyens en offrant à leurs employeurs et fournisseurs du pain et des jeux ? C’est que chaque élu sait qu’après un tel confinement viendra l’explosion de la vie qui pourrait se confondre en pantomimes protestataires, qu’il vaudrait mieux augurer et prévenir en une usucapion compensatoire avant que survienne d’inévitables élections.

Mais les chiffres sont obstinés et les arbitres savent compter : pour odieuses qu’elles soient les outrageuses agences de notations savent relever les antilogies !  Lorsque repus de liquidités, l’agence présentera aux convives européens la note finale, semblera t’elle aussi salée qu’un océan de dettes ?

Peut-être faut-il pallier par palier et abreuver d’abord pour canaliser ensuite ; c’est probable puisqu’en France la pandémie succédant aux contestations sociales de tous poils rendrait toute reprise incompatible avec une nouvelle recrudescence des violences urbaines.  Mais il sera alors bien nécessaire, durant la trêve estivale, de s’interroger sur la convertibilité de la dette en titres participatifs et si la décision d’emprunter ensemble est indéniablement une avancée dans la construction européenne, la question du comment rembourser ensemble ne doit pas devenir un motif de pathos.                                          Mars2020