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Puisque la providence divine a pressenti la nécessité d’isoler le plus fourbe des peuples européens sur une ile à l’extrémité du continent, sachons nous réjouir que l’exil insulaire s’accompagne d’un divorce pour incompatibilité d’humeur des sujets de sa gracieuse majesté, cette abduction confirmant la certitude gaullienne que ces gens-là ne savent s’unir que pour mieux nous diviser.

L’Anglais est joueur, il aime les petites balles.  Golf, Tennis, Football, que n’a-t-il inventé ou adapté pour se distraire, et récemment il a cru se réinventer en prenant le commissaire européen Barnier pour une bille ! Il n’a pas tort puisque l’institution que Downing street considère comme une baudruche s’avère incapable de tenir sa position et de rebondir vigoureusement même à l’évidence d’un coup pas très franc …. Il est malheureux que la commission de Bruxelles lâche le permis financier de circulation des capitaux pour quelques poissons qui seraient bien mieux issus de fermes marines bio que de la surpêche.

 Car la puissante City était dans ce divorce le vrai gain à conquérir par Stuttgart, Dublin, Luxembourg, Amsterdam et …Paris qui aurait pu justifier ainsi l’utilité de sa Défense, pour devenir la capitale bancaire européenne. Et cela en un temps ou se redessine les futures spécialités des mégapoles, telles que Singapour, qui remplacera « feu » Hong-Kong puisque la reprise en main chinoise n’ira pas, elle aussi, sans redistribuer quelques cartes.

Les emplois à gagner en cette circonstance étaient bien plus rentables et stratégiques que ceux des lignards de chalutiers subventionnés, esclaves d’un autre temps. Privilégions la littorisation des océans de capitaux à celle des morues de la manche, la Bretagne comme les côtes du Nord et la Normandie se convertiront au courtage plus qu’à l’halieutage !

Le hard Brexit n’est donc plus d’actualité : qu’y avons-nous gagné, hormis le droit de reverser durant 4 ou 5 ans de nouvelles indemnités ? Dans ce bras de fer perdu, la fiscalité a un grand rôle à jouer et l’O.M.C. que Trump (avec la complicité de Londres) n’a cessé d’affaiblir ne pourra certes pas se poser en arbitre.

L’OMC, combien de divisions militaires, demanderait Staline ?  En réponse, le blond Boris et sa noire traçabilité menace de jouer du Sterling pour détourner vers chez lui quelques échanges financiers internationaux, et proposera bientôt son tax heaven bienveillant à tous les pirates fiscaux et sociaux européens en mal de port d’attache. Mais la £ivre ne sera-t-elle pas, dans ce cas, atteinte de dysphorie monétaire, si Buckingham ne parvenait à faire entendre raison au prime minister ? Car on ne peut être durablement en et hors d’institutions internationales en voie de renforcement. Qu’importe, répondent les partisans du splendide isolement : l’Europe cèdera, l’Europe paiera. Comme en cette fin d’année 2020 ou l’on nous présente une défaite en victoire !

Le temps passera par là. Je ne suis ni contempteur de la gente anglicane, ni favorable à l’ostracisme de tout un peuple voisin, quand bien même vient-il de nous claquer la porte au nez, après nous avoir comblé de bombardements inutiles au cours de la dernière guerre mondiale. Un jour viendra où nous entendrons parler de « réadhésion » et de réintégration inéluctable !  Cela devait être le motif le plus approprié pour sanctionner rudement aujourd’hui ce retrait populiste et ingrat, qui avait comme arrière-pensée, ne l’oublions jamais, de mettre à bas la difficile construction européenne. Les grands bretons, ont d’abord tenté de saborder l’union avant de s’en extraire, passant d’ennemi de l’intérieur a faux-ami de l’extérieur assumé. Position intenable à long terme, évidemment. Mais lorsque reprendront un jour les négociations de réconciliation, souhaitons que les règles d’unanimité entre états de poids très différents soient alors abolies, que l’harmonisation intracommunautaire sera mieux établie en récusant les velléités de veto nationaux, et que la commission soit plus ferme. Peut-être aurons-nous alors a faire à un peuple britannique revenu de son entre soi et capable de s’intégrer sans toujours profiter des temps paroxystiques pour jouer à nouveau les scolytes, et nous rouler dans la farine de poissons.