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Aux adeptes de la Monétisation.

Depuis quelques temps, certains parmi les plus connus de nos économistes contemporains remplissent la presse et les plateaux télé pour dire que non, la dette ne sera pas un problème, puisqu’elle sera «  monétisée » ! En gros : la France lancera un emprunt de cent dix milliards (c’est si peu de choses) , que la BCE souscrira et dont elle  oubliera ensuite de  demander le remboursement. Eternellement.  Ben voyons …

Alors toutes ces années ou on nous disait que la dette est effarante, que nous spolions nos enfants, et que les marges de manœuvres budgétaires sont inexistantes pour cause de surendettement de l’Etat, c’était pour rire ? Quand c’est sérieux, on efface tout ?

Je vais en parler au chef d’agence de ma banque dès le 11 mai, s’il en réchappe… Je vais lui dire : bon pour mon découvert de 50 € pas de problème je vous arrange cela semaine prochaine. Mais j’ai réfléchi, pour le crédit des travaux de ma maison, c’est trop lourd, finalement c’est mieux si vous bloquez tout, sans intérêt, et  vous effacerez tout quand vous aurez le temps ,  on ira boire un verre. Sympa, non ? Que n’y a-t-on pensé plus tôt !

Reste que ces découvreurs du parking a dettes font quelques erreurs de calculs fondamentaux. D’une part Mme Lagarde dont on présume la complaisance peut être à tort face aux redoutables bataves et teutons, ne sera pas « éternellement », contrairement a la dette, directrice de la BCE. D’autre part ladite BCE a elle-même un bilan. Et la masse monétaire ramenée à l’économie réelle est un facteur de comparaison entre les monnaies. Donc dans le coût des échanges intercontinentaux, voir même dans la relation livre sterling euro… Et cela aura un impact considérable dans les échanges hors et in zone Euro. Airbus appréciera.   Mais surtout cette dette qui persistera même non remboursée dans les comptes de l’état sera forcément comptabilisée dans les ratios des agences de notation qu’on oublie un peu vite ces temps çi …

 Glisser la dette sous le tapis n’est ni une attitude responsable ni même réaliste à long terme.

Personnellement la seule réponse réaliste que je vois dans la masse de réflexions qui nous assaille sur ce sujet est un mécanisme de refinancement possible de la dette aussi bien préexistante que nouvelle, qui ramènerait en 10 ans la fiscalité a son niveau des années 60, sans augmenter les prélèvements obligatoires ni les impôts entretemps. Et sans stocker éternellement une dette qu’on refuserait de considérer, ce qui est proprement absurde.  On peut télécharger sans frais cette contribution sur mon site. .

En ouvrant la boite de pandore d’une prétendue monétisation de la dette, comme si l’histoire des relances économiques ratées n’avaient jamais servi de leçons, on généralise le guichet de la banque de France comme la solution adéquate à tous les problèmes de surendettement : gageons qu’à ce rythme les préteurs de deniers changeront vite de métier et qu’ en substituant un désordre dans les finances publiques a un désastre sanitaire, nos brillants cerveaux égarés nous plongent vers de nouveaux problèmes.  Mon grand-père disait : il ne faut pas confondre promptitude et précipitation : je crois qu’il avait raison. … Mai 2020